Le soleil régnait en chef sur la ville depuis quelques heures déjà, lorsque Odian ouvrit les yeux. Avant même de reluquer les chiffres qu’indiquait sa montre, son regard bleu glacial s’était posé sur la fenêtre. Les volets n’étaient pas totalement clos, laissant apercevoir la lumière du jour. Et ainsi, la nuit, il n’était pas non plus dans le noir absolu. Bien que sa vision nocturne soit sans faille, Odian restait un petit garçon terrorisé lorsque la ville enfilait son long manteau sombre. C’était peut-être bien dû à son passé loin d’être joyeux. Du haut de ses huit années d’existence, il avait vécu les pires choses qu’un enfant puisse traverser et pourtant, il n’en avait jamais touché un seul mot à sa mère. Le petit bonhomme savait très bien que Wilhelmina s’en serait voulue de ne pas avoir compris que la vieille dame le martyrisait, et étant conscient qu’elle traversait elle-même une mauvaise passe, il préférait ne pas l’ennuyer avec ses problèmes. Comme il savait très bien le faire, il rangeait ses problèmes dans un coin de sa tête et faisait comme s’ils n’existaient pas. Ce n’est qu’une fois seul, que tout remontait à la surface et menaçait de le rendre fou à chaque instant.
Les minutes s’étaient mises à défiler, alors qu’il se perdait dans ses pensées les plus sombres, ses souvenirs les plus douloureux et tout ce qui faisait de sa vie un réel cauchemar. Mais son estomac criant famine, le rappela vite à l’ordre, l’obligeant à se lever presque aussitôt. En se dirigeant dans la salle de bain adjacente à sa chambre, Odian n’avait pas trainé pour prendre sa douche. Pour une fois, sa mère se trouvait dans la maison et il ne souhaitait pas la louper. Chose normale pour les autres enfants, le petit déjeuner l’attendait sur la table. Pour ce gamin là, c’était bien rare d’être traiter de cette façon, mais il ne se fit pas non plus prier pour tout engloutir au plus vite. Cette journée ne serait pas la meilleure de sa vie, même si elle commençait bien. Tous ceux de sa race s’apprêtaient à vivre une terrible épreuve, une fois encore, une fois la nuit revenue. La pleine lune ne leur ferait pas de cadeau et même Odian y passerait. Pourtant, il faisait de son mieux pour éviter un maximum le sujet. Avec sa naïveté d’enfant, il s’imaginait qu’en faisant comme si de rien n’était, il passerait à côté, que la nature l’oublierait pour une fois. Alors, se mettant en tête de passer une journée absolument normale, il s’était équipé d’un blouson, de son skate, mais également d’un sac à dos comprenant des vêtements de secours au cas où la lune lui jouerait un sale tour.
Il longeait la route, évitant au mieux les piétons. Sa passion, il la vivait à fond, bien que sa mère voyait ça d’un très mauvais oeil. Les sports extrêmes sont son truc à lui, le moyen de s’évader de sa propre vie pour quelques instants. Plus le temps passait, et plus Odian prenait des risques inimaginables pour sa propre existence. Dans le fond, même si Wilhelmina lui avait promis de supplier Klaus de le transformer une fois qu’il serait adulte, il espérait de tout coeur qu’il le fasse avant. Bien trop jeune pour comprendre que sa croissance s’arrêterait aussitôt, il était prêt à ne plus souffrir. Les nuits de pleine lune sont affreusement douloureuses, insoutenables pour un adulte, alors pour un gamin, cela semble encore plus horribles, voir interminables sur le moment. En prenant de gros risques, il s’imaginait que sa mère n’aurait plus le choix et qu’elle ferait appel à Klaus. Odian était persuadé que l’Originel accepterait, parce que c’est son père et que pour lui, un papa se doit de protéger son fils.
Mais la journée passant un peu trop vite à son gout, la crainte augmentait d’avantage. Sa mère venait de lui envoyer un message, pour qu’il attende sa nounou d’un soir dans le parc. Rebekah avait promis de veiller sur lui pour la nuit, durant la transformation. Même si elle aurait certainement beaucoup de mal à rester de marbre face à la douleur de son neveu, cette nouvelle ne pouvait que faire plaisir au gamin, qui refusait la présence de Wilhelmina. Les transformations sont déjà assez gênantes et douloureuses, sans que sa mère n’assiste à ça en prime. .. Si pour une fois, Odian avait obéi et se trouvait dans ledit parc, c’était bien parce qu’il avait peur de rester seul en cette nouvelle nuit de souffrance. Sur le dossier d’un banc, il venait de prendre place, son skate reposant contre l’assise en bois. Le regard perdu, la fin d’après-midi ne se passait pas du tout comme il l’avait espérer. Se sentant de plus en plus nerveux, une boule à l’estomac venait de se former, même si elle n’avait rien à voir avec celle qui lui nouait la gorge à cet instant présent. Le spectacle aurait sûrement été attendrissant pour beaucoup, mais pour ce gamin là, c’était une réelle souffrance, bien pire que toutes celles qu’il soit possible de ressentir physiquement. Un père jouant avec son fils, ne faisait qu’attiser la peine de ne pas pouvoir compter sur la présence de son propre géniteur, que se soit pour les bonnes, comme pour les pires occasions qui puissent exister.
Sujet: Re: Help me, Daddy - Klaus Ven 31 Mai - 2:29
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It is easier to become a father than to be one.
«Elle se moque de moi… »
Les yeux rivés sur l'écran de son portable, Niklaus lisait pour la quatrième fois le message de sa soeur qui venait juste d'annuler leur rencontre prévue au lac. Rebekah ne vivait plus au manoir et si Klaus l'avait rayé de sa liste de soucis, il avait tout de même accepté de lui accorder un peu de son temps car elle prétendait avoir des choses importantes à lui dire… et qui n'étaient en réalité pas si importantes que ça, vu qu'elles semblaient pouvoir attendre. Il haïssait agir vainement. Or Rebekah venait de lui imposer un déplacement gratuit, sans compter les nombreuses minutes qu'il avait passé à l'attendre! Et avec tous ses problèmes du moment, à commencer par ceux avec sa famille, c'était certainement la dernière chose dont il avait besoin. La solitude qu'il avait toujours redouté s'imposait inévitablement à lui. Plus pesante, plus présente, plus évidente qu'elle ne l'avait jamais été. Et pourtant, il s'était donné les moyens d'y échapper. Il avait réuni sa famille sous son toit, il avait essayé de se racheter, il avait fait des efforts… tout ceci pour se retrouver avec moins encore que ce qu'il ne possédait au départ. Tant pis pour eux ! avait-il dit tout haut même si, dans le fond, il pensait plutôt : "Tant pis pour moi."
On était en fin d'après-midi et le ciel commençait déjà à s'assombrir. Klaus jeta un coup d'oeil circulaire et, avant de faire quoi que ce soit d'inutile -comme balancer son portable dans le lac-, il fit demi-tour et reprit la direction de son manoir, passant par le parc. Chaque fois qu'il était irrité, ses sens semblaient se décupler comme s'ils cherchaient à entretenir son agacement jusqu'à le mener à son point de rupture. Il pouvait entendre l'onde tranquille de l'eau derrière lui raisonnant comme une mer agitée, le bruit de ses propres pas tapant dans ses oreilles comme des coups de marteau et les bourrasques d'un vent qui, en fait, était quasi inexistant. Après un court moment de marche sur le sentier du parc, il put même percevoir parmi tout ce raffut les battements d'un coeur un peu plus loin devant. Curieux de voir qui d'autre que lui pouvait se tenir en solitaire, il redressa rapidement la tête tout en continuant de marcher. C'était un enfant blond au regard de glace et à l'expression sérieuse, mélange de mélancolie et de tristesse. Odian ! Un bref coup d'oeil avait suffi à l'hybride pour reconnaitre le petit bout d'homme qui était assis sur un banc, semblant attendre quelqu'un. En croisant furtivement son regard, le réflexe de Niklaus fut de se détourner aussitôt, masquant son air désemparé. Tournant le dos au petit, il fit un pas en avant pour repartir dans le sens inverse et s'arrêta à nouveau en réalisant ce qu'il était en train de faire. Lui, l'hybride originel, prenait la fuite devant un petit garçon! C'était la meilleure. Son désarroi lui avait fait oublier sa colère et lui avait fait perdre ses moyens, le forçant à rechercher désespérément une échappatoire.
"Ce n'est qu'un enfant !" songea t-il rageusement.
Et il resta ainsi un instant, sans bouger, tandis que son coeur, qui ne battait plus depuis des siècles, semblait s'alourdir dans sa poitrine.
"Mon enfant."
Odian n'avait pas l'air d'un garçon joyeux, son expression était bien trop grave pour son âge et Klaus ne pouvait tout simplement pas se résoudre à partir après ce qu'il venait de voir. La gorge nouée, il se recomposa rapidement un visage impassible avant de se tourner à nouveau pour faire face à son fils. Ses pensées lui criaient de s'en aller, mais ce fut son instinct qui eut raison de lui. Un bref soupir, comme pour se donner du courage, et il franchit les quelques mètres qui les séparaient, la démarche un peu plus trainante. Il s'arrêta devant lui et l'observa un léger instant avant de prendre la parole.
«Tu n'as rien à faire ici tout seul. Qui attends-tu ?» demanda t-il d'un ton parfaitement neutre.
L'idée de commencer par des salutations ne lui avait même pas traversé l'esprit. Il y avait ces jours où Niklaus n'avait que la patience d'aller droit au but. On aurait dit qu'il s'adressait à un étranger et d'un côté… c'était le cas. Odian était son fils, mais il ne le connaissait pas. Trop occupé à nier leur lien de parenté, c'est à peine s'il lui avait adressé la parole la première fois qu'il l'avait vu et en ce moment-même, il ne comprenait pas ce qui l'avait poussé à aller le rejoindre plutôt que de le laisser seul. Après tout, ce n'était pas son problème, n'est-ce pas?
L'hybride avait le regard fuyant, faisant des aller-retour entre le garçon et le paysage. Et alors qu'il faisait vraiment face à Odian pour la première fois, il se rendait compte qu'il n'avait jamais pris le temps d'attarder son regard sur son visage pour bien l'observer. C'est qu'il avait peur de se reconnaitre dans ses yeux clairs. Peur d'entrevoir l'ombre de lui-même dans ses traits. Et même en ce moment, alors que les preuves de sa paternité étaient incontestables, il n'arrivait pas vraiment à le regarder sans ciller. Il trouvait un certain réconfort à laisser place au doute malgré tout. Il n'admettrait bien sûr jamais la crainte qu'il ressentait, et encore moins la honte. Celle d'avoir pu laisser un fils derrière lui sans jamais s'en préoccuper, celle d'avoir fui au moment où il aurait dû rester. Une erreur qu'il avait bien failli reproduire ce soir.
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Sujet: Re: Help me, Daddy - Klaus Jeu 6 Juin - 14:02
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Sujet: Re: Help me, Daddy - Klaus Lun 10 Juin - 14:32
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« Rebekah. »
Les yeux de Niklaus cessèrent leur aller-venues et s'arrêtèrent aussitôt sur son fils tandis que le cours de sa pensée établissait un lien directe entre leur présence en ce même lieu, qui n'avait en réalité rien d'un hasard.
« Évidemment… »
Rebekah savait qu'il évitait tout contact avec le môme, alors elle avait provoqué cette rencontre non pas par volonté de se décharger de la responsabilité du petit mais pour forcer son frère à l'endosser. Et Niklaus lui en voulait pour ça. Bien sûr qu'il n'aurait pas pu passer sa vie à le fuir et qu'à un moment où à un autre, il serait bien obligé de faire face à Odian mais là, il n'était pas prêt. Et comment aurait-il pu l'être? Il avait fait une croix sur la possibilité d'être père le jour où le sien l'avait tué. Un millénaire avait passé depuis. Un millénaire où il était persuadé qu'un mort ne pourrait jamais donner la vie. Lui qui s'était toujours plu à l'idée d'être plus qu'un simple vampire et qui pensait être déchargé de toute faiblesse, il avait en face de lui le revers de la médaille et réalisait peu à peu qu'il n'y avait pas que les dagues qui pouvaient atteindre le coeur.
Il croisa brièvement le regard d'Odian avant que celui-ci ne fixe l'écran -pourtant éteint- de son portable. Le gosse n'était pas plus à l'aise que lui et semblait bien décidé à ne pas affronter son regard non plus. Klaus ne put alors s'empêcher de profiter de l'instant où le garçon avait les paupières baissées pour mieux l'observer. Une boule se forma dans sa gorge alors qu'il prenait pour la première fois connaissance de cette ressemblance, cette part de lui-même inscrite sur le visage de l'enfant. Oui il ne le connaissait pas... mais c'était bien son fils. Il tenait d'ailleurs plus de lui que de Mina.
« Et toi ? T’es pas venu faire du toboggan j’imagine. »
Klaus lui adressa un vague sourire amusé à sa remarque .
« En effet, j'ai passé l'âge depuis… » il s'interrompit un instant en fronçant légèrement les sourcils, notant que l'enfant fixait à plusieurs reprises un point plus haut derrière lui d'un air anxieux, « tss, j'ai perdu le compte. » conclue t-il en tournant automatiquement la tête pour regarder par dessus son épaule, dans la même direction qu'Odian.
Puis, cessant d'observer ce qu'il se passait dans le ciel, il baissa un peu les yeux et lança des coups d'oeil de tous les côtés en ajoutant distraitement : « Je devais voir Rebekah aussi, en fait… »
Il n'y avait rien et pourtant un mauvais pressentiment s'était emparé de lui. Odian tout seul et Rebekah qui le lâchait dans la nature à une heure aussi tardive, ce n'était tout simplement pas normal. Si elle voulait une rencontre entre les deux, sa soeur aurait pu choisir une heure plus décente… Klaus écarquilla les yeux tandis qu'une pensée lui percutait l'esprit. "Il a réveillé le gène..." Et cette nuit, c'était la pleine lune. L'originel se maudit intérieurement de ne pas avoir prit la fuite au moment où il s'était détourné. Mais ce n'était sans doute pas encore trop tard pour bien faire. Il reporta rapidement son attention vers son fils et se figea instantanément, frappé par la tristesse qui se lisait dans ses yeux.
« Tu peux rester avec moi s’il plait ? Je ne veux pas être tout seul. »
C'était quoi, cette sensation de devoir qui l'incitait à rassurer son fils, à lui dire qu'il ne le laisserait jamais? N'y cédant pas, Klaus fit involontairement un pas en arrière, l'ombre de l'effroi passant sur son visage. Il se recomposa rapidement une expression neutre, bien qu'une lueur inquiète brillait encore dans son regard. Qu'était-il censé faire alors que la situation le dépassait? Il aurait dû partir, et pourtant il était encore là. Le petit ramassa son skate et rangea son portable dans sa poche tandis que Klaus réfléchissait à cent à l'heure.
« Tu n'es pas censé être avec quelqu'un comme toi, justement? Tu connais d'autre loups-garous, n'est-ce pas? Je peux t'emmener à eux. »
Il jeta encore un bref coup d'oeil autour, l'angoisse commençant à lui vriller l'estomac même si de l'extérieur, ses lèvres pincées et ses sourcils froncés lui donnaient plus l'air agacé qu'autre chose. Lui-même ne connaissait aucun loup-garou vu qu'il s'était arrangé pour tous les transformer en hybrides. De toute façon, c'était un peu tard pour s'y prendre et il était impossible de savoir où les meutes se transformaient vu que leur mode était de faire du campings dans des endroits qu'on appelait communément des trous perdus. Et le temps qu'ils y arrivent, le petit aurait sûrement déjà commencé sa transformation. Deux choix s'offraient alors à Klaus. Il pouvait encore partir sans se retourner et laisser le gamin derrière. Une chose qu'il ne pourrait probablement jamais se pardonner. Ou il pouvait rester avec Odian et veiller sur lui, mais cela impliquait aussi d'assister à sa transformation et inévitablement à sa souffrance interminable… Alors Niklaus, la peste ou le choléra?
« Viens. »
Poussé par l'instinct, il posa une main sur son épaule et reprit le sentier avec son fils tout en évitant de penser au pétrin dans lequel il venait de se fourrer.
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Dernière édition par Niklaus Mikaelson le Dim 16 Juin - 23:07, édité 1 fois
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Sujet: Re: Help me, Daddy - Klaus Jeu 13 Juin - 18:50
HJ : Désolé, le nouveau carré pour répondre est juste horrible. J'ai trop galéré pour mettre mes codes et là, ça fait moche je trouve --'.
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Sujet: Re: Help me, Daddy - Klaus Dim 16 Juin - 22:41
COUNT ON ME
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« Depuis qu’ils savent que t’es mon père, ils ne me font plus confiance… Je connais les endroits où ils vont, seulement au dernier moment. Ils ont peur de te voir débarquer. Beaucoup ne rêvent pas de devenir Hybrides…tu sais.»
Klaus ne releva pas. Il avait bien entendu la déception dans sa voix, aussi bien qu'il avait perçu l'accusation, mais ne comptait pas pour autant se perdre dans la moindre justification. Oui, il était responsable d'un grand nombre de malheur de son fils. Il en avait parfaitement conscience. D'ailleurs, s'il avait joué son rôle de père, s'il avait été présent dès le départ, le petit aurait-il déclenché son gène lycan? Lui qui pensait au départ n'avoir rien fait qu'il pourrait se reprocher, Niklaus s'en voulait désormais de n'avoir rien fait du tout, justement. Il ne lui avait jamais parlé, n'avait jamais pu s'intéresser à lui, il ne l'avait même pas vu grandir. C'était bien de sa faute si Odian devait souffrir à chaque pleine lune, sa faute s'il avait dû expérimenter aussi jeune le rejet. D'abord le sien, et désormais celui des autres, parce qu'il avait le malheur d'être son fils. À croire que la solitude était une maladie génétiquement transmissible.
Pour la première fois en huit ans, l'originel daignait se préoccuper de son fils. Mieux vaut tard que jamais, vous dirait-il pour sa défense. Et c'est quand il vit le visage d'Odian s'éclairer d'un léger sourire, alors qu'il posait la main sur son épaule, que Niklaus comprit. Il comprit qu'il n'y aurait plus de retour en arrière possible. Il ne pourrait plus se chercher d'excuses. Il ne pourrait plus feindre l'indifférence, ni fuir ses responsabilités. Mais comment pourrait-il en être à la hauteur? Fils rejeté, frère indigne, et maintenant père… Quel autre sort misérable lui réservait l'avenir avec cette condition? Et l'angoisse le prenait aux tripes à cette idée. Tout avait si mal commencé. À peine avait-il connu son fils qu'il l'avait déjà déçu par son comportement, par son désintérêt et son déni. Et une pensée lui parvint malgré lui:
Plus jamais.
De véritables regrets, qui aurait pu imaginer une telle chose venant de Klaus ? Il fronça légèrement les sourcils en tentant d'analyser ces émotions qu'il éprouvait pour la première fois en un millénaire. Était-ce ça, être père ? Protéger à tout prix son enfant et, alors qu'on le connait à peine, l'aimer tout de même ?
« On va où? »
Niklaus ne répondit pas tout de suite, se laissant quelques secondes pour réfléchir. Il pourrait l'emmener dans un coin perdu pour être certain qu'ils soient tranquilles, mais ce serait prendre le risque -moindre, certes, mais un risque quand même- que l'enfant s'échappe et se perde dans la nature. Seul. Il jeta un bref coup d'oeil derrière lui, voyant le petit bout qui trottinait pour tenter de le rattraper, puis ramena son attention devant sans pour autant ralentir l'allure. Les battements de coeur qui martelaient dans ses oreilles lui rappelaient constamment la peur d'Odian mais même en étant sourd, Klaus aurait pu la sentir. C'était comme si elle déteignait sur l'hybride, affectant son esprit et l'empêchant de réfléchir correctement. Franchement, d'où pouvait venir une telle sensation de stress quand on possède un coeur qui ne fonctionne plus?
« Je ne sais pas encore » avoua t-il sombrement, « mais... au moins on y va ensemble, » ajouta t-il dans une tentative vaseuse pour le rassurer.
Sa gorge se serra en sentant une petite main se glisser furtivement dans la sienne, qui tressaillit au contact. Klaus s'était imaginé que le petit le craignait, voire pire, qu'il le détestait, et recherchait sa compagnie uniquement pour ne pas avoir à affronter une transformation seul. Cela aurait été compréhensible... Qu'avait fait le père jusque là si ce n'est le renier ? Bien qu'il fut prit au dépourvu, Niklaus ne retira pas sa main et maintint la même allure. Il baissa néanmoins un regard un peu abasourdi vers son fils. Celui-ci lui répondit par un léger sourire qui disparut presque aussitôt en même temps qu'un terrible bruit de craquement se faisait entendre. Lâchant sa main, Odian fit presque un plongeon vers l'avant et se serait probablement écrasé au sol si Klaus ne l'avait pas rattrapé par le col au dernier moment - la stupéfaction l'avait empêché d'être plus prompt à réagir. Il le remit sur pied en moins de deux en le tirant juste un peu en arrière. L'hybride posa ensuite un genou au sol et enroula un bras autour de lui, sous l'aisselle, pour le soutenir. Le jaugeant du regard un très bref instant, il lui épargna de justesse une question inutile du genre "Ça va?" ou encore "Tu peux marcher?". La transformation avait commencé et ils ne pouvaient plus perdre de temps.
Klaus garda son étreinte sur lui et se redressa simplement pour le soulever. Il partit alors comme un éclair et parcourut en un clin d'oeil le peu de distance qui les séparait encore de sa voiture en gardant fermement Odian contre lui d'un bras, tandis que son autre main récupérait ses clés dans sa poche de veste. Il lui fallut à peine une seconde pour déverrouiller le véhicule, ouvrir la portière arrière et déposer l'enfant à l'intérieur. Posant une main sur son ventre pour le maintenir, il attacha rapidement sa ceinture sans même regarder ses gestes, surveillant plutôt son fils d'un œil inquiet. Il referma ensuite la portière et se précipita à la place du conducteur. Tout en démarrant, une idée germa dans son esprit. Probablement pas la meilleure, mais il avait fait pire.
« Chez moi. Le sous-sol… » dit-il en jetant un coup d'oeil à son fils dans le rétroviseur, « même si tu casses tout, au moins je t'aurai à l'oeil. »
Et il écrasa l'accélérateur, quittant le parking avec un excès de vitesse qui aurait bien mérité un retrait de permis accompagné d'un emprisonnement.